REQUÊTE
« Si la coupe menstruelle est si géniale que ça (économique et hyper écologique), pourquoi si peu de personnes en parlent et pourquoi ça reste marginal ? Où est le loup ? »
Jean-Charles, circonspect.
Il y a quasiment dix ans, ton amie chômeuse écrivait un argumentaire en faveur de la coupe menstruelle qui allait devenir le billet le plus lu de l’histoire du site. Ce succès n’est pas seulement dû à la qualité de l’illustration (même si ça a joué) ; c’est surtout que le sujet intéresse une moitié de l’humanité – et devrait, comme tant d’autres, intéresser également la seconde. A l’époque, la coupe menstruelle m’était apparue comme la solution idéale pour arrêter les tampons (démontés, depuis, de manière douloureusement convaincante par le documentaire d’Audrey Gloaguen) et les serviettes hygiéniques.
Mais tu as raison, ami lecteur. En 10 ans, en dépit de ses points forts, la coupe menstruelle ne s’est pas imposée comme on aurait pu le penser. D’abord, on a appris qu’elle ne prévenait pas du syndrome du choc toxique, longtemps attribué aux seuls tampons. En réalité, il semble que ce soit la stagnation du sang qui entraine une prolifération bactérienne potentiellement dangereuse. Le principe même de la coupe étant de recueillir le sang et de vider la coupe quand elle est pleine, on n’évite pas les risques liés à la stagnation.
Mais l’honnêteté me pousse à avancer d’autres arguments, plus terre-à-terre, et sans doute aussi importants pour expliquer pourquoi nous n’avons pas toutes une coupe dans notre sac à main.
Être une femme libérée, décidément, c’est la purge
D’abord, il faut apprendre à la mettre, c’est-à-dire accepter de passer quelques heures dans une salle de bain à pincer un morceau de silicone avec les doigts, enfoncer le machin, le lâcher au bon moment, avoir mal parce que c’est raté, recommencer. Certaines d’entre nous ont d’autres choses à foutre – n’est pas ton amie chômeuse qui veut.
Ensuite, il faut reconnaître que le vidage de coupe peut virer à la boucherie. Imagine, ami lecteur. Tu es dans un lieu public, un café, par exemple. Ça fait quatre heures que ta coupe est en place, il est temps de la vider – tu n’as pas envie de subir un choc toxique et d’être amputé(e) des deux jambes (chochotte). Or, la plupart du temps, le lavabo est situé à l’extérieur du cabinet de toilettes. Ce qui signifie que :
1- tu retires ta coupe, avec les aléas afférents. Si elle est très remplie, l’opération peut provoquer une giclée sur le mur. Si tu t’en tires bien, tu te retrouves a minima avec du sang sur les mains, on dirait un chirurgien sortant du bloc.
2- tu essuies le tout avec du papier toilette qui bouloche (je ne veux même pas aborder le cas où tu t’apercevrais qu’il n’y a plus de papier toilette alors que tu es déjà à mi-parcours).
3- tu remets ta coupe, non rincée, avec tes doigts sanguinolents. Tu sais que ça fait un moment que tu es enfermé(e) là-dedans et comme tout le monde, tu crains que ton pote qui t’attend seul à sa table soit en train d’imaginer en train de faire caca. A ce stade, il se peut que tu pleures un petit peu.
4- tu écoutes à travers la porte pour t’assurer de ne croiser personne avec tes mains pleines de sang séché.
5- tu ouvres la porte avec le coude, tu te précipites sur le lavabo et tu mets tes mains sous l’eau en les frottant à toute vitesse.
6- tu retrouves ton camarade de café momifié : ça fait quinze bonnes minutes que tu es parti(e).
Tout ceci se solutionne par un réflexe simple : avoir une bouteille en plastique (ou une gourde, oui, calme-toi) toujours avec soi. Sauf que parfois, eh bien, on oublie sa gourde. Ton amie chômeuse, évidemment, comprend que ses camarades ne soient pas toutes emballées à l’idée de transformer leur vie en excursion gore à chaque fois qu’elles ont leurs règles.
Il existe maintenant d’autres alternatives aux protections traditionnelles et à la coupe menstruelle. Les culottes absorbantes, qui fonctionnent sur le même principe que les serviettes, mais qui sont plus discrètes et lavables en machine. Ou le Flux instinctif libre, qui consiste à se passer de protection et à faire confiance à la tonicité de son périnée. Ayant opté pour une solution plus radicale, ton amie chômeuse n’a plus ses règles et n’a testé ni l’une ni l’autre de ces méthodes. Mais j’ai mis des camarades chômeuses (ou intermittentes du spectacle) sur le coup. A suivre, donc.
Hahaha merci! Je n’ai jamais testé, mais c’est exactement pour toutes les raisons que tu cites que j’ai contourné la coupe menstruelle (alors que je bosse de chez moi en chaussons fourrés, mais comme je suis féministe il m’arrive sortir de chez moi pour prendre des cafés pendant mes règles, et je n’ai pas la disponibilité d’esprit, charge mentale x2 gosses oblige, pour penser à prendre une « gourde de règles » avec moi). En revanche la culotte de règles a changé ma vie.
Son seul inconvénient, c’est son nom. Une culotte de règles, pour moi, avant, c’était ta culotte moche mais confortable des jours sans glam, celle qui peut être tachée sans aucun regret. Et quand tu dis culotte absorbante, tu bascules tout d’un coup dans un monde au périnée relâché et à l’incontinence sans recours. Du coup c’est plus difficile pour en parler à mes potes, ou à mon mec. T’aurais des idées?
On peut aussi, et je le pratiquait, prendre sa pilule en continu. Si on tient absolument à avoir des règles ou qu’on ne supporte pas la pilule alors je comprends. Signé : ménopaus’girl ❤️
La solution que vous évoquez est précisément celle que j’ai adoptée !