Requête de Lise-Marie, prof de hip-hop
Les ravages de l’alcool, c’est de rencontrer une fille super sympa à un dîner, d’apprendre qu’elle est prof de hip-hop et de dire « à fond, banco » quand elle propose d’assister à un cours. C’est de quitter ladite prof avec des accolades émues et en se fixant rendez-vous pour le lendemain, 17H.
Une fois le vin évaporé, restent de vieux compagnons beaucoup plus tenaces : la flemme et la peur du ridicule. C’est vraiment par sens du devoir que ton amie chômeuse a décollé ses fesses de son canapé cet après-midi là pour faire les ¾ d’heure de métro qui la séparaient de son châtiment.
Car oui, dans l’euphorie du moment, j’avais légèrement exagéré mes compétences en matière de danse en clamant avoir fait 12 ans de funky-jazz (« c’est comme du moderne jazz, mais en plus funky tu vois ? ») et c’est à ce titre que j’avais offert mes services de chômeuse, Lise-Marie se plaignant de la faible fréquentation de son cours « moyen-fort ».
Je n’avais pas précisé qu’il y avait plus de quatre ans que j’avais hissé le drapeau blanc, fatiguée de constater que la coordination entre mes bras et mes jambes ne s’améliorait pas, et désespérée que mon prof, Dimitri, ne connaisse toujours pas mon prénom alors que j’avais fréquenté son cours pendant plus de 3 ans.
En arrivant devant le bâtiment, j’avais mal au ventre comme quand ma mère me déposait devant l’école de ski. Après avoir enfilé mes Nike et mon jogging de nuit, j’ai erré dans le couloir sans oser pousser la porte d’où s’échappaient les cris de Beyoncé, ne sachant pas si j’étais en retard pour mon cours ou si le précédent n’était pas encore fini.
Lise-Marie elle-même mit fin au suspense en ouvrant la porte avec une énergie qui me laissa pantoise (car je savais ce qu’elle avait bu la veille). Passée la surprise de me voir plantée là, elle s’exclama qu’elle était ravie et qu’elle n’aurait jamais cru que je viendrais, ce à quoi je répondis « tu plaisantes ». Pour moi qui n’avais jamais eu droit au moindre signe de reconnaissance de la part de Dimitri, cet accueil personnalisé était une consécration, et j’espérais que les autres élèves n’avaient rien manqué de la scène.
Un rapide examen de mes collègues danseuses me rassura : seule Lise-Marie était aussi belle et pêchue que Britney à ses débuts, le reste de l’assistance était comme moi (en jogging de nuit). Plus que le talent, c’était la persévérance qui avait hissé ces femmes au niveau « moyen-fort ». Mon erreur fut de penser que ce constat m’autorisait à les imiter.
Je compris dès l’échauffement que les années n’avaient pas résolu mon problème de rythme, et toute ma concentration était dédiée à taper dans mes mains au moment opportun. Mais Lise-Marie était si encourageante que je finis pas faire fi de la coordination et sautai joyeusement de gauche à droite comme un jeune chien. Au bout de vingt minutes à ce régime, je commençai à voir des étoiles. Nous n’avions pas encore entamé la chorégraphie. Lise-Marie nous montra l’enchaînement, qui contenait tout ce qu’on pouvait en attendre, avec ondulations des fesses, vagues des bras et tutti quanti.
Une sueur froide commençait à perler sur mon front, mon visage virait au blanc-vert : pas de doute, j’étais en pleine hypoglycémie. Prise de nausées, je dus sortir de la salle et m’installer en catastrophe dans les toilettes des vestiaires. Je me souvins alors que ces petites crises comptaient aussi parmi les raisons qui m’avaient poussé à abandonner la danse au profit de disciplines plus calmes (comme la glande). Triste bilan : j’ai tenu une demi-heure avant de faire un malaise vagal.
Oui, mais tu maîtrises le snake comme personne. Et ça, ça n’a pas de prix.
Je suis sûr que l’estomac droit et bien rempli, tu aurais tenu la choré comme personne dans l’assistance! Alcool, tu nous perdras tous…
Fanny et Jay See : vous êtes des petits chats (= des êtres très mignons). Merci de garder confiance en mes capacités motrices et/ou d’endurance.
Pas trop la pêche ces derniers jours (pb santé) ton article m’as fait péter de rire, t’es un vrai clown, merci encore pour ce moment, ça illumine ma journée!
biz,
C’est la tektonik ton truc tu sais bien!
C’est vrai… J’ai en projet d’aller me faire initier pour de vrai au Palais de Tokyo, là où les danseurs de Tektonic ont remplacé les skaters. Si je le fais, je me fais filmer !
Oui mais l’essentiel c’est d’essayer … et effectivement la danse demande un peu de forme, et du manger dans le bide..ou du sucre enfin un truc quoi. A mon avis reessaye et vasy un peu plus tranquille sur l’echauffement, et ne force pas si tu sens que ca tourne, et ca ira, l’année prochaine tu feras partie de la troupe des danseurs de MJ ! …..
…ou de Madonna plutot.
Maelle : et d’ailleurs je n’oublie pas que tu m’as lancé un défi de taille qui risque de me mettre encore sacrément à l’épreuve… J’ai aussi une requête footing et une requête piscine. C’est à dire que tout le monde veut que je bouge mon cul. J’en prends acte !
(Et ne me fais plus jamais de frayeur pareille, pendant deux secondes j’ai cru qu’on avait annoncé que MJ était pas vraiment mort et que j’étais la seule à pas avoir vu mon twitter assez vite… mais non.) Biz !
Hilarant ce billet! Ca m’a rappelé de douloureux souvenirs de jeunesse (5 ans de cours de hip hop qd même…). La prochaine fois, je viens avec toi. A deux (et avec des balisto) on est plus forts 🙂 Biz
Oulala Parissa, ça, ça n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde… À très vite en brassière et Nike fluos !